Plateforme des ONG Françaises pour la Palestine

Rapport DBIO 2025 : les acteurs privés derrière l’économie d’occupation et de génocide en Palestine

25 novembre 2025 - BNP Paribas, la Société Générale, le Crédit Agricole, le Groupe BPCE, le Crédit mutuel et AXA figurent parmi les 50 principales institutions financières européennes impliquées dans l’économie de l’occupation et du génocide en Palestine occupée

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Paris, 25 novembre 2025 – La cinquième édition du rapport annuel « Don’t Buy into Occupation » (DBIO V) expose les relations de plus de 1 115 institutions financières européennes avec des entreprises qui permettent le maintien de la situation illégale créée par Israël dans le Territoire Palestinien Occupé (TPO), dont le crime de génocide à Gaza, l’occupation illégale de la Cisjordanie et sa colonisation, et autres violations graves du droit international.

La coalition DBIO rassemble 25 organisations européennes et palestiniennes, dont l’Association France Palestine Solidarité (AFPS) et la Plateforme des ONG françaises pour la Palestine.

La coalition DBIO a établi une liste non exhaustive de 104 entreprises impliquées dans une ou plusieurs des activités contribuant au maintien de la situation illégale en TPO (violations du droit international par l’armée israélienne, exploitation des ressources naturelles palestiniennes, construction des colonies et infrastructures d’occupation et d’apartheid, etc).

Parmi elles figurent notamment : des fournisseurs d’armes à Israël tels que Lockheed Martin, Boeing et General Dynamics ; des entreprises fournissant des engins de terrassement destinés à la destruction du territoire palestinien comme Caterpillar et Hyundai ; des entreprises de high-tech Microsoft, Amazon, Google/Alphabet, DELL Technologies, Palantir et IBM dont les technologies jouent un rôle central dans l’appareil répressif et génocidaire israélien ; des plateformes de tourisme en ligne proposant des locations dans les colonies illégales, comme Airbnb, Booking, Expedia et Tripadvisor ; et la société française Carrefour, qui franchise des magasins implantés dans les colonies illégales.

Commissionné par la coalition, l’organisme de recherche Profundo a identifié 1 115 institutions européennes entretenant des relations financières avec ces entreprises. Entre janvier 2023 et août 2025, plus de 310 milliards de dollars américains leur ont été fournis sous forme de prêts et de souscriptions. Au 31 août 2025, ces institutions européennes détenaient également 1 503 milliards de dollars en actions et obligations dans ces entreprises.

Parmi ces 1 115 institutions financières, BNP Paribas, la Société Générale, le Crédit Agricole, le Groupe BPCE, le Crédit mutuel et AXA figurent dans le top 50 des entités ayant des relations avec des entreprises impliquées dans le maintien de la situation illégale en TPO. En tout, 12 entités françaises figurent dans le top 100 : elles ont fourni plus de 93 milliards de dollars sous forme de prêts et souscriptions aux entreprises complices entre janvier 2023 et août 2025, et y détiennent plus de 256 milliards de dollars en actions et obligations.

« De nombreuses banques françaises financent des entreprises complices des crimes israéliens. Il est essentiel que les citoyennes et citoyens français intensifient la mobilisation publique contre la participation de ces institutions à l’économie du génocide, de la colonisation et de l’occupation. » Anne Tuaillon, présidente de l’AFPS.

En tant que créanciers et investisseurs de ces entreprises complices, les banques françaises profitent financièrement des bénéfices générés par les activités illicites de ces entreprises et elles contribuent par ailleurs à soutenir l’entreprise de colonisation illégale. Leurs participations financières leur offrent pourtant la possibilité de faire pression sur les entreprises afin qu’elles cessent leurs activités en violation du droit international, et de se désengager de celles qui ne s’y conforment pas, comme l’ont déjà fait, par exemple, plusieurs fonds de pension européens en ce qui concerne les plateformes de tourisme en ligne ou encore le fond souverain norvégien qui s’est désengagé de 28 entreprises israéliennes et de Caterpillar. Bien au contraire, les banques françaises poursuivent ou même augmentent leurs investissements dans ces entreprises, comme par exemple BNP Paribas qui a augmenté de 197% ses investissements dans Airbnb entre septembre 2024 et août 2025.

Quelques exemples des investissements des institutions financières françaises relevés par DBIO V :

  • La Société Générale et BNP Paribas ont fourni des crédits sous forme de prêts et souscriptions à Caterpillar pour un montant de 1 505 et 721 millions de dollars respectivement entre janvier 2023 et août 2025. De plus, le Crédit Agricole, BNP Paribas et la Société Générale détiennent respectivement 874, 275, et 208 millions de dollars en actions et obligations auprès de cette société, alors que son emblématique bulldozer D9 - transformé en machine de guerre par l’armée israélienne - a servi à raser Gaza, éventrant routes, cimetières et terres agricoles, démolissant maisons, immeubles, écoles, et hôpitaux. Depuis des décennies, en Cisjordanie occupée, Israël emploie des bulldozers Caterpillar pour la construction du mur d’apartheid, l’expansion des colonies et la démolition des maisons et routes palestiniennes. Caterpillar figure sur la base de données de l’ONU des entreprises impliquées dans la colonisation.
  • Ensemble, BNP Paribas, la Société Générale, le Crédit Agricole, le Groupe BPCE, le Crédit mutuel et AXA détiennent un total de 15 milliards d’actions et d’obligations dans les six plus grands fournisseurs d’armes à Israël : Boeing, General Dynamics, Leonardo, Lockheed Martin, RTX, et Rolls-Royce. BNP Paribas et le Crédit Agricole fournissent également 2,2 et 1 milliards de dollars, respectivement, sous forme de prêts et souscriptions à Boeing, dont les bombes sont impliquées dans de nombreuses violations du droit international, par exemple le ciblage des civils à Rafah en janvier 2024.
  • De même le Crédit Agricole, le Groupe BPCE, BNP Paribas, le Crédit Mutuel, la Société Générale et AXA détiennent un total de 114 milliards de dollars d’actions et d’obligations dans les six entreprises de « big tech » partenaires de l’armée israélienne et des services de renseignements, Microsoft, Google/Alphabet, Amazon, Palantir, IBM et Dell. La Société Générale, le Crédit Agricole, BNP Paribas et le Groupe BPCE fournissent également 15 milliards de dollars à Google/Alphabet, Amazon, IBM et Dell sous forme de prêts et souscriptions. Il est pourtant désormais incontestable que le maintien du régime d’apartheid imposé par Israël aux Palestiniens, ainsi que l’ampleur du génocide à Gaza, seraient impossibles sans l’infrastructure numérique et les outils fournis par Microsoft, Google/Alphabet, Amazon, IBM, Palantir et Dell tels la surveillance informatique, la collecte massive de données, leur compilation, traitement, transcription, traduction et analyse par l’intelligence artificielle (IA), ainsi que leur stockage.

L’AFPS et la Plateforme Palestine appellent les institutions financières françaises — notamment BNP Paribas, Société Générale, Crédit Agricole, Groupe BPCE, Crédit Mutuel et AXA — à mettre fin à leurs liens avec des entreprises susceptibles de contribuer à un génocide, à l’apartheid ou à une occupation illégale, conformément à leur devoir de vigilance selon la loi française du 17 mars 2017 et aux Principes directeurs de l’ONU relatifs aux entreprises et aux droits de l’Homme.

« Il est urgent que le gouvernement français adopte des mesures interdisant la participation de nos institutions financières dans les violations graves du droit international par l’Etat israélien. » François Leroux, Président de la Plateforme Palestine

Nous appelons l’Etat français à adopter, en vertu de l’avis consultatif de la Cour Internationale de Justice du 19 juillet 2024, la résolution de l’Assemblée Générale des Nations Unies du 18 septembre 2024, et la Convention sur la Prévention et Répression du Crime de Génocide, des mesures interdisant aux institutions financières françaises de contribuer, par leurs investissements, au maintien de la situation illégale créée par Israël dans le TPO ou à la commission du crime de génocide.

* Le Groupe BPCE rassemble, entre autres, la Banque Populaire, la Caisse d’Epargne, le Crédit Coopératif, et la CASDEN Banque Populaire.

Note aux responsables de publication :

  • Les données 2025 désagrégées pour chaque créancier ou investisseur européen par entreprise sont disponibles sur le site de la coalition DBIO via la page « View the data ». Site web : https://dontbuyintooccupation.org/
  • Les données financières contenues dans le rapport couvrent l’ensemble des investissements (actions, obligations, prêts et/ou souscriptions) dans les 104 entreprises identifiées. Étant donné que les entreprises identifiées opèrent également en dehors du TPO, la coalition DBIO ne prétend pas que la totalité de ces flux de capitaux est exclusivement destinée à des activités dans le TPO. Cependant, un investissement dans une entreprise soutient généralement cette entreprise dans son ensemble. Par conséquent, les investisseurs sont directement liés à toutes les activités d’une entreprise et, par conséquent, aux effets négatifs qui en découlent. Quelle que soit l’importance de l’investissement ou la proportion des capitaux directement affectés aux activités répertoriées et préjudiciables dans le TPO, les institutions financières ont la responsabilité, en vertu des cadres internationaux relatifs aux droits humains, d’éviter de faciliter les violations des droits humains par le biais de leurs investissements, notamment en utilisant leur influence pour faire pression sur leurs clients et les entreprises dans lesquelles elles investissent afin qu’ils mettent fin à leurs activités préjudiciables et illégales et en remédient aux effets.
  • Les Principes directeurs de l’ONU relatifs aux entreprises et aux droits de l’homme votés en 2011 précisent que « Lorsqu’une entreprise ne peut prévenir ou atténuer les incidences négatives directement liées à ses services par sa relation commerciale avec une autre entité, elle doit mettre fin à cette relation ».

    Contact presse

    c.marquerie@plateforme-palestine.org
    07 66 15 39 26


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